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nov. | au 2 déc. |
Jean-Luc travaille à la création sonore en théâtre:
Une trop bruyante solitude
De Bohumil Hrabal
Depuis trente-cinq ans, Hanta pilonne des livres qu’on destine au recyclage. Il écrase, il broie, il déchiquète. Cette culture qu’il est chargé de détruire, il s’est donné pour mission de la sauver. Dans l’avalanche des livres qui se déversent dans sa cave, il fait son choix, accumulant des tonnes d’ouvrages dans son appartement. Un matin, son patron lui fait comprendre qu’il ne pourra pas s’adapter à la modernisation de son métier. Devenu inutile, Hanta aura un ultime geste de révolte.
Ce court roman, évoquant la destruction des livres, fut perçu lors de sa sortie dans les années 70, comme une dénonciation de l’anéantissement des valeurs de l’humanité par les totalitarismes du XXe siècle. Avec le recul, les thèmes du vieillissement, de la fragilité et de la disparition d’une culture reposant sur le livre puis la liquidation du monde ouvrier devenu désuet, apparaissent aujourd’hui comme le véritable fondement du roman.
Après la normalisation soviétique de 1968, les ouvrages – interdits – de Hrabal ont été pilonnés dans le même dépôt où était employée sa femme qui sauvait autant d’exemplaires qu’elle le pouvait des livres de son mari. Figure majeure de la littérature tchèque du XXe siècle. « Bohumil Hrabal (1914 -1997) fut, avec Milan Kundera, la grande révélation du roman tchèque. À la fois héritier de la littérature “plébéienne” et de son goût pour la “palabre”, mais aussi de l’avant-garde, il sut en créer une synthèse exceptionnelle, embléma tique de la culture de l’Europe centrale, traumatismes collectifs compris. »
Son œuvre gigantesque est constituée de dix-neuf volumes dont Les Noces dans la maison, Les Palabreurs, Trains étroitement surveillés, Ballades sanglantes et légendes, La Chevelure sacrifiée, Vends maison où je ne veux plus vivre, Tendre barbare, Jarmilka, La Machine atomique Perkeo, Les Souffrances du vieux Werther. Ses romans ont fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques dont Trains hautement surveillés de Menzel, Oscar du meilleur film étranger en 1967.
Bohumil Hrabal